La voiture autonome
Compte rendu de la conférence d’Erwann Tison du 16 mai 2022
enregistrement vidéo : Exposé voiture autonome.
Le conférencier

Erwann TISON
Erwann Tison est Directeur des études à l’Institut Sapiens (think tank = groupe de réflexion) créé en octobre 2017.
Il avait publié, en 2019, l’ouvrage :
« Les robots, mon emploi et moi ; ce qui va m’arriver dans 20 ans ».
En collaboration avec Guillaume Tatoueix il a publié, en 2020, l’ouvrage :
« Un robot dans ma voiture – Prendre le virage de la voiture autonome ».
En ouverture, il lance un petit clin d’œil nostalgique à l’ancienne série télévisée de sa jeunesse : K2000 (1982-86) dans laquelle la voiture futuriste KITT jouait un rôle principal.
Le train, l’auto, l’avion…
Chaque évolution du mode de transport a modifié profondément notre style de vie :
• le chemin de fer a favorisé l’essor des grandes métropoles régionales ;
• l’automobile a développé les déplacements individuels et irrigué les banlieues pavillonnaires ;
• l’avion a renforcé les échanges entre populations éloignées.
La voiture autonome marquera une quatrième révolution dans le domaine des transports ; elle libérera les passagers des anciennes contraintes matérielles (horaires, conduite, itinéraires).
Les caractéristiques de la voiture autonome
La voiture sans conducteur humain, nécessite :
• une cartographie embarquée (Google Maps ou Tomtom) ;
• une appréhension précise et complète de l’environnement, grâce à plusieurs milliers de capteurs optiques et auditifs ;
• un système V2X (vehicle to something) permettant d’échanger des informations avec d’autres véhicules, avec les signalisations, voire avec les obstacles mobiles.
Les niveaux d’autonomie
Soulignons, seulement, la différence entre les deux niveaux les plus élevés :
• au niveau 4, un être humain, présent, peut reprendre instantanément le contrôle du véhicule (horizon 2027-29) ;
• au niveau 5, la voiture est totalement autonome (horizon 2033-34).
Les entreprises pionnières
Waymo est une marque du groupe Alphabet (Google) qui dispose de grands moyens matériels. Ses véhicules ont déjà couvert une vingtaine de millions de kilomètres.
Une entreprise française, Navya, créée à Lyon en 2017, dépose des brevets associant l’IA et la voiture automobile. On soupçonne le concurrent chinois Baidu de s’être inspiré de leurs travaux.
L’environnement réglementaire
Dans le cadre de l’ONU, la convention de Vienne (1977) impose un conducteur humain.
La Californie a dérogé à cette contrainte… en assimilant une IA à un humain !
Le défi cognitif
Max Weber, en 1919, avait analysé les comportements des usagers qui hésitaient à emprunter le tramway ; n’en comprenant pas la technologie, ils assimilaient ce nouveau moyen de transport magique à une création maléfique, voire satanique.
Malgré l’exemple des rames de métro qui circulent sans conducteur à Paris (lignes 1 et 14), la moitié des personnes consultées se déclare réticente à emprunter une voiture automobile sans conducteur, sur une voie ouverte à tous les véhicules.
Cependant, la voiture autonome présenterait un risque statistique global très inférieur au train, à l’avion et à la circulation automobile ; celle-ci est confiée à des humains susceptibles de dérives parfois entretenues par la consommation de produits euphorisants.
A contrario, les grands pays asiatiques seraient beaucoup plus enclins à confier la conduite de leur véhicule à une IA.
Organisation
Disponibilité
Le coût d’une voiture autonome, de l’ordre de 300 000 €, serait trop élevé pour l’utilisateur moyen. La solution préconisée est celle d’une flotte de voitures autonomes.
Assurances
En l’absence de conducteur humain, les responsabilités, en cas de sinistre, seraient partagées entre :
• les collectivités, pour leurs infrastructures ;
• les constructeurs, pour leurs véhicules ;
• les gestionnaires, pour l’entretien et la disponibilité de leurs flottes.
Habitacle
Dans un espace confortable, le temps de trajet deviendrait un temps de travail ou de détente. L’aménagement de l’intérieur du véhicule serait revu sous forme d’une véritable capsule de vie adaptée aux nouveaux usages : salon de réunion, espace de repos…
Perspectives environnementales et sociales
La concentration du parc automobile en flottes de véhicules électriques, à circulation plus fluide, limitera le nombre de véhicules. Ce qui réduira les émissions nuisibles à l’écologie.
Le transport de fret par camions autonomes fonctionne déjà aux États-Unis sur certains axes.
La France emploie 80 000 chauffeurs routiers susceptibles de changer progressivement d’activité, lors de la généralisation.
Contexte commercial
Les firmes états-uniennes (Google, Tesla) ont pris beaucoup d’avance dans un contexte règlementaire moins contraignant que celui de l’Europe (et de la France, en particulier).
Il est à craindre que l’Europe ne devienne un atelier de production de voitures conçues et développées aux États-Unis, à l’exemple récent de la « gigafactory » de Tesla, implantée près de Berlin.
Et l’espace aérien ?
Les voitures volantes des fictions nous ont fait rêver.
Mais le domaine aérien est tributaire du droit militaire, ce qui nuit à une utilisation non planifiée. D’autre part, si des trajets urbains peuvent être envisagés, de longs trajets aériens en véhicules autonomes ne sont pas réalistes.
Alors, en route !
Les voies du progrès de la voiture autonome sont tracées.
Attendons leur mise en route.