La maladie COVID-19 en France.. entraine dans les médias des infos douteuses, voire des infox !

Covid-19 et Infox

Depuis février-mars 2020,  après la Chine, l’Iran, l’Italie et les États-Unis, la France a été atteinte par la pandémie mondiale du Coronavirus, la maladie « Covid-19 », ou « Covid ». On a dénombré en mai 2020, environ 40 000 cas positifs avérés et près de 28 000 décès, à la fois dans les services hospitaliers et dans les Établissements d’Hospitalisation des Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD).

On rappelle que le terme « coronavirus » ou « virus à couronne » désigne une famille de virus, dont le noyau est garni extérieurement de projections bulbaires. Depuis 2002, le monde a subi deux de ces virus, le SARS-CoV (syndrome respiratoire aigu sévère) et le MERS-CoV-2. Fin 2019 se développe, à partir de la Chine, un troisième coronavirus, le SARS-CoV-2, entrainant une pandémie sur la quasi-totalité des pays du globe, elle-même appelée COVID-19.

Entre le 17 mars et le 10 mai, la quasi-totalité des Français, à l’exception des salariés de « services essentiels », a été soumise à un  confinement  domestique, c’est-à-dire à une astreinte à garder le domicile, sauf pour une seule sortie d’une heure, dûment justifiée, incluant des « mesures-barrière » et une attestation de sortie conforme.

Durant cette période, dans les foyers confinés équipés d’Internet, le nombre de connexions a explosé dans plusieurs domaines :

  • comme en temps normal, pour  les achats en ligne (alimentaires, loisirs, vidéos…) et les échanges ordinaires (messageries, réseaux sociaux,…) ;
  • de plus, pour des échanges professionnels (télétravail), pour l’enseignement scolaire des enfants à distance et surtout pour le télétravail chez des salariés qui avaient choisi le confinement et non la présence physique dans l’entreprise.

Mais, on le sait, Internet présente, en même temps que beaucoup d’avantages techniques (rapidité, interactivité, coût négligeable…), des risques soit anciens (virus, spams, phishing, usurpations d’identité…), soit nouveaux à travers des informations non recoupées ou fantaisistes, voire des « fakes » ; celles-ci font  l’objet de cet article.

N.B. – pour des généralités sur ce dernier thème (définitions, motivations des fakes et infox, « fast checking », etc.), on se reportera utilement à la Lettre ADELI n°114 d’hiver 2019. À ce jour, une grande majorité d’infox sont de type politique, elles impactent directement ce secteur ; on ne peut parler de « dangerosité ». S’agissant de santé publique, bien évidemment, les fausses informations peuvent entraîner des conséquences beaucoup plus dangereuses sur la population. Citons le journaliste Thomas Huchon dans « chut.media » :

« Des gens considèrent que la maladie n’existe pas, parce qu’on ne voit pas de malades ; d’autres échangent sur les meilleurs moyens de se soigner, et cela peut tuer. »

Infos douteuses, infox sur les thèmes médicaux proprement dits

Le coronavirus est relativement nouveau dans la galaxie scientifique et médicale.

De plus, en France, le délai entre la mise au point d’un traitement, protocole ou vaccin et son autorisation de mise sur le marché et de diffusion se mesure en mois voire en années. En effet, il est tributaire d’avis scientifiques et d’autorisations administratives de très haut niveau, ce qui induit une période de « traitement provisoire de l’épidémie » par des mesures médicales et politiques et, dans le monde médiatique actuel, laisse libre cours à tous les débats et aux désinformations possibles.

Nombre de scientifiques et médecins se sont relayés sur les chaines d’information et réseaux sociaux, qui pour commenter l’évolution de la pandémie, qui pour disserter sur les traitements et vaccins envisageables, pas toujours avec le recul scientifique nécessaire. Chacun d’eux a présenté ses hypothèses, prodigué ses conseils, à la fois aux autorités sanitaires, aux décideurs politiques et aux citoyens. Ci-après, les circuits généraux d’information pendant l’épidémie (on constatera la multiplicité des interlocuteurs (scientifiques, décideurs) dans le rectangle en haut et à gauche).Schéma infox épidémie coronavirus

  • Aux USA, la classe politique au pouvoir a prétendu que le virus s’était « échappé » d’un laboratoire de virologie de la ville foyer de Wuhan.
    Cette thèse n’a jamais reçu de validation officielle.
  • En France, une posture médicale particulièrement médiatique a été celle du Professeur Didier Raoult, infectiologue, Directeur de l’IHU de la Timone à Marseille.

Dans un premier temps, il a proclamé le peu de dangerosité du virus (démenti par la suite) :

https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/coronavirus-il-n-y-a-pas-de-raison-d-avoir-peur-assure-le-professeur-didier-raoult-specialiste-des-maladies-infectieuses-1219765.html

Ensuite, il a proposé à Marseille des traitements de cas de la maladie  du COVID-19  à base d’un médicament antipaludique. Ce dernier, bien qu’efficace dans certains cas, mais compte tenu d’effets secondaires nombreux, a été publiquement contesté, et les conséquences d’un regain de consommation du produit dans plusieurs pays sans connaitre les risques et effets ont pu s’avérer risquées. Cependant Didier Raoult continue à bénéficier d’une grande popularité en France, à ce stade de l’épidémie : on peut parler d’un « camp Raoult »…

  • Un autre message Twitter publié au mois de mai 2020 autour du Docteur Raoult  (citation) :

Ils savent que tout ce tapage du #coronavirus est une supercherie, le #virus est terminé (voir #Raoult), donc les #masques sont inutiles en plus d’être nocifs. Pourquoi mettre au pas la population et la priver de ses droits et libertés ? #ReveillonsNous #StopSideration. Il n’y a jamais eu de virus de toute façon, car juste une manipulation de la haute sphère.

  • Par ailleurs, toujours en France, un chercheur épidémiologiste, a fait part sur le fond des résultats d’un modèle mathématique faisant remonter l’épidémie en Chine, non à décembre 2019, mais à l’automne 2019 ; ce qui lui attribuerait une contagiosité plus faible. Là encore, aucune validation officielle.

Infox d’autres types : théories du complot…

  • Sur les réseaux sociaux a circulé l’infox suivante : le milliardaire et entrepreneur, ex-Président de Microsoft, Bill Gates, est par ailleurs donateur financier dans le domaine sanitaire et humanitaire (recherche médicale, vaccins…). Il aurait cependant fait créer de toutes pièces le virus, afin d’implanter chez l’homme une puce GPS ; et pour satisfaire l’intérêt commercial, le logiciel de contrôle de cette puce serait issu de Microsoft.

https://information.tv5monde.com/video/coronavirus-pourquoi-bill-gates-est-il-au-coeur-de-nombreuses-theories-du-complot-vrai-dire?

  • En avril, quelques pays européens envisagent de créer et implanter, une application de « traçage mobile » des cas contacts de cas détectés, afin de localiser géographiquement et traiter les chaînes de contamination du coronavirus  en France. De ce fait, le traditionnel débat « sécurité et libertés », présent à chaque crise importante (terrorisme…) a envahi les partis, associations, réseaux sociaux.

À noter que pour les infox des types précédents présentes sur les réseaux sociaux, hélas ces derniers, et en particulier Twitter, ne proposent que des services de « fact-ckecking » médiocres. Quant au Service d’Information du Gouvernement (SIG), il ne contrôle à l’heure actuelle, que certains grands médias institutionnels  (journaux, chaînes d’information en continu) et ceci sous l’aspect purement déontologique.  Dans les deux cas, les tenants de la liberté de l’information marquent des points, même si… c’est au lecteur final que revient le choix délicat de ce en quoi il veut au final avoir confiance !!!

Pour aller plus loin

Les sites de fast-checking

Parmi les sites de fact-checking  les références sont  Hoaxbuster, Snopes, chacun avec ses domaines de prédilection. En France nous avons l’AFP, France Info. La plupart des quotidiens ont aujourd’hui un service de fact-checking.

Thomas Huchon prend le pouls des fake news liées au coronavirus

 

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Retraité
Ex expert en securité des SI à EDF
Loisirs : jeu d'Echecs -

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